Le Jour où le mur de Berlin n’est pas tombé et tous ceux qui suivirent, des Uchroniques (SF)

Les Uchroniques
Le Jour où le mur de Berlin n’est pas tombé et tous ceux qui suivirent

Paris, Paris Sorbonne Université, 2014, 222 p.

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Imaginez qu’une soixantaine d’étudiants, auteurs et graphistes amateurs, unisse ses efforts dans une grande fresque uchronique. C’est ce qui s’est passé à la Sorbonne. Il est en résulté cette anthologie abondamment illustrée en quadrichromie, comprenant des nouvelles, des poèmes, des chansons, des lettres, une bande dessinée, un jeu de rôles, des coupures de presse, des dépêches d’agence, un extrait de journal intime et de mémoires, des affiches, des courriels, un décret de loi, un tract, un discours politique, une critique de film, une entrevue, un rapport de police, des photographies et des publicités, avec même des textes en anglais, russe, italien, espagnol et espéranto.

Imaginez que Mikhaïl Gorbatchev ait été assassiné et la Perestroïka enterrée, que l’Armée Rouge se soit opposée à la destruction du Mur de Berlin, que celui-ci traverse l’Europe d’un bout à l’autre, que la Grande Union Soviétique inclue tous les pays satellites et s’allie à la Chine, que les Républiques Unies d’Amérique du Sud fédèrent Cuba, le Nicaragua, la Colombie et le Venezuela sous la faucille et le marteau. La Terre se divise plus que jamais en deux blocs. La fresque s’étale de 1989 à 2061. C’est peut-être un inconvénient dans la mesure où cette mosaïque comporte des vides qui demandent à être explicités et peuvent suggérer des contradictions.

Imaginez que le projet ait échoué entre les mains de graves universitaires au style abscons et laborieux. Le résultat eût été plus rigoureux mais indigeste. Le sursaut soviétique eût été justifié militairement et économiquement au lieu de constituer un simple postulat de départ. Voici au contraire une pochade d’étudiants où l’humour est roi. Ils se paient même le luxe, uchronie intra-uchronique, de conjecturer sur d’autres conséquences de la chute du Mur. Ils nous prouvent, si besoin est, que l’uchronie peut être un jeu. À feuilleter avec nonchalance et, pour prolonger le plaisir ou s’y plonger, à consulter sur l’Internet la douzaine de compléments du site des Uchroniques (lesuchroniques.fr).

Jean-Pierre LAIGLE

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