Louis Sutal, La Mystérieuse Boule de feu (SF)

Louis Sutal

La Mystérieuse Boule de feu

Sherbrooke, Paulines (Jeunesse-Pop, No 3), 1971, 109 p.

Le récit se déroule en Nouvelle-France vers 1663. À la suite de l’apparition nocturne d’une boule de feu, au cours de laquelle il a été touché par une étincelle, un jeune colon nommé François entend une voix qui lui commande d’aller vers le nord. Il part en forêt avec son ami Paul et, malgré l’avertissement des Indiens, les deux coureurs des bois s’aventurent dans un territoire hanté par des hommes verts récemment arrivés. Ceux-ci, qui sont télépathes, capturent les deux aventuriers et les emmènent dans leur base souterraine. Là, on les « décorpore », c’est à dire qu’on extrait leur esprit de leur corps pour le conserver dans des cages de verre. Deux hommes verts s’incarnent dans les corps de leurs captifs et, sous ce déguisement iront en voyage d’observation dans la colonie, pour mieux connaître la civilisation humaine.

Le thème de la visite d’extraterrestres en mission d’observation est éculé, bien qu’on l’applique généralement à notre époque. L’auteur n’a nullement exploité l’effet de surprise accru qu’une telle visite aurait créé au XVIIe siècle. Les personnages apprennent l’arrivée d’extraterrestres avec moins d’étonnement que ne le feraient nos contemporains. Le fait d’adopter un déguisement humain pour mener à bien cette observation est aussi un lieu commun, de même que le pouvoir télépathique des extraterrestres ; mais le plus banal est la couleur verte de ces visiteurs. Le roman n’apporte donc absolument rien d’original. L’intrigue est mince, lente à démarrer, et se déroule de façon linéaire, assortie de passages ennuyeux et simplistes sur la vie des colons en Nouvelle-France. L’histoire finit bien : c’est le moins qu’on pourrait s’attendre d’une aventure aussi anodine. Elle est vraisemblable du point de vue SF, ce qui n’est guère difficile quand on suit si constamment les sentiers battus du déjà-vu.

Les données scientifiques sont inexistantes ; la « décorporation » se fait de manière simpliste, qui ressemble à la méthode employée pour extraire la pâte dentifrice du tube.

La psychologie des personnages n’est même pas esquissée, hormis le courage tout à fait factice de François, qui refuse d’avoir peur, par fierté (ce serait déshonorer sa race que de perdre le contrôle de ses émotions). Quant à la mentalité des extraterrestres elle n’a rien de spécial et semble des plus inoffensives. Le style du roman est médiocre ; l’emploi constant du présent pour le récit est maladroit. Bref un roman sans qualité ; il faudra un lecteur bien peu critique pour se plaire à sa lecture. Pour compléter le tableau, disons qu’on aura jamais vu des illustrations aussi vides de signification que celles qui accompagnent ce texte, comme si le dessinateur avait pris soin de n’illustrer que quelques-uns des nombreux moments creux du récit. POUR LES 10-14 ANS.

Alain LORTIE

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