Clair obscur 14

Clair obscur 14 : Spécial Cirque Sinistre

Le thème de ce numéro spécial ne pouvait qu’attirer ma curiosité, car j’ai toujours considéré les cirques comme des lieux fort étranges… Les « freak shows » d’un autre temps me viennent à l’esprit ; les clowns en général me semblent souvent pathétiques, sinon angoissants. Et je ne suis pas la seule ! Leur popularité dans les films et séries d’horreur montre bien la fascination du public pour ces personnages qui passent aisément du grotesque au terrifiant.

L’article de Mélissa Boudreault fait le tour de la quatrième saison d’American Horror Story, une série magistrale qui nous a donné en 2014-2015 Freak Show, une saison particulièrement sanglante et tordue… L’auteure connaît bien son sujet et en fait une analyse pertinente. Ensuite, Marie Laporte nous fait faire le tour de la série à plusieurs mains Les Clowns vengeurs. Cela m’a donné le goût de lire ladite série. Puis, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur un tueur en série tristement célèbre, John Wayne Gacy, ou Pogo le clown. Ce sombre individu, pourtant apprécié dans sa communauté, a tué au moins 33 adolescents qu’il avait attirés chez lui en leur promettant du travail… Plus de détails dans l’excellent (mais surtout trop court !) article de Sébastien Chartrand. Martine Vignola nous propose ensuite une visite de la bibliothèque de Frédéric Raymond, auteur et éditeur de La Maison des Viscères, maison d’édition spécialisée dans le gore et l’épouvante. J’y ai trouvé des suggestions de lecture intéressantes.

Quatre fictions nous sont présentées dans ce numéro. Ma préférence va à Ranincourt de Jean Robert Bourdage. Ce dernier nous raconte le périple fantastique d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Je n’en dirai pas davantage sur l’intrigue, de peur de trop en dévoiler au lecteur. Cependant, je peux dire que la représentation de l’époque est particulièrement réussie. Le personnage principal est sympathique et crédible (!), l’atmosphère inquiétante devient franchement cauchemardesque à mesure que le récit progresse. La fin est bien amenée. En passant, il y aurait là assez de matériel pour faire un roman intéressant… juste une suggestion comme ça…

Coup de cœur aussi pour Bêtes de cirque, de Pierre-Alexandre Bonin, qui réchauffera le cœur de ceux qui ne peuvent pas sentir le côté exploiteur des cirques. Le sujet fait un clin d’œil à un événement réel survenu il y a quelques années à Las Vegas. Et le gore bien mérité est jouissif ! Avec un punch final amusant, à la fois touchant et vindicatif.

Julien Desrosiers (dont j’ai bien apprécié le protrait en clown) nous offre aussi une nouvelle de fantastique classique, angoissante à souhait. L’atmosphère est réussie et l’écriture, intéressante.

La nouvelle Fx circus, de Sylvain de Carufel, nous présente un personnage féminin qui recherche les sensations fortes sur Internet. Elle tombe sur la chaîne Fx circus qui lui promet des effets spéciaux gore hors du commun. Après un bon début, le texte devient une orgie de gore et de scènes de torture qui risquent de mettre le lecteur très mal à l’aise et nauséeux. C’est ce qui m’est arrivé… Question habituelle avec le gore et les scènesde torture : où doit-on s’arrêter ?

On trouve également une critique de la série à plusieurs mains Cobayes, que je n’ai pas eu l’occasion de lire. Dans un autre article, Éric Richard nous parle de la série BD anglophone Zombie Commandos from Hell !, située en Ontario et au Québec dans un futur lointain. Steph Dumais signe le tout. Ça non plus, ce n’est pas pour les cœurs sensibles ou trop jeunes…

Suivent les critiques par Jonathan Reynolds de deux films fantastiques qui semblent renouer avec le style « pas besoin de tout montrer pour faire peur ». Y’a de l’espoir pour le cinéma fantastique ! Émilie Léger nous présente une courte bio d’une déité des effets spéciaux, Tom Savini. Détail intéressant, Savini fut photographe de combat au Vietnam ; cette expérience l’a inspiré pour ses effets spéciaux très réalistes. Une des rares bonnes choses qu’on doit à la guerre du Vietnam ! Guillaume Couture nous parle ensuite des jeux vidéo inspirés des cirques, des carnavals et des parcs d’attractions. Comme je n’y connais pas grand-chose, je le crois sur parole.

La couverture de Guillaume Leclerc est cauchemardesque à souhait avec ses couleurs glauques et ses clowns en appétit. À l’intérieur, certaines illustrations de textes auraient gagné à être plus grandes et plus définies, car certains lecteurs ne rajeunissent pas !

Dans l’ensemble, il s’agit d’un numéro fort réussi sur un thème bien recherché et intéressant.

Bravo à Anne-Marie Bouthillier et à son équipe !

Valérie BÉDARD

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