Collectif, Quartiers divers (Hy)

Françoise Belle, Daniel Giguère, Andrée Laurier, Anne-Michèle Lévesque, Claude Mercier

Quartiers divers

Hull, Vents d’Ouest, 1997, 352 p.

Une expérience un peu inhabituelle : un récit à cinq voix, centré sur un immeuble à condos de Montréal et ses habitants. Organisé en quatre mouvements, cependant, car chaque auteur contribue à peu près trois fois dans le recueil – ou le roman ; j’ai renoncé à chercher un principe d’organisation réel, me laissant prendre par le rythme des récits entrelacés. L’autre élément intéressant, c’est en effet qu’on n’a pas choisi la facilité en attribuant toujours un même personnage et/ou un fil d’intrigue au même auteur ; les registres et les genres s’entremêlent, cela permet des pas de côté parfois surprenants, mais dont la plupart fonctionnent malgré tout, même si les auteurs viennent d’horizons… divers (certains sont des fantastiqueurs – ce qui justifie la présente lecture – d’autres pas du tout) ; on se lance des balles, certaines plus originales, la plupart sont rattrapées, d’autres pas ; d’autres voies, annoncées dans un récit, ne sont pas vraiment poursuivies par la suite, ce qui est un peu frustrant, et les niveaux d’expérience littéraire différant aussi, l’ensemble est un peu inégal. Mais sympathique, et prometteur. J’ai remarqué en particulier la performance d’Andrée Laurier, à qui échoit la tâche difficile, périlleuse, de clore l’histoire en ramassant tous les fils ; elle s’en tire fort bien et avec une petite musique d’écrivaine déjà assez affirmée. Ce n’est pas pour diminuer les mérites des autres participants, en particulier Claude Mercier que nos lecteurs connaissent peut-être déjà (il édite Proxima, entre ses activités d’écrivain ou de secouriste) ; ils font tous preuve d’une compétence certaine et certains ont déjà publié professionnellement (Andrée Laurier, Anne-Michèle Lévesque). Mais le terme « participants » révèle sans doute dans quel registre j’ai lu la plupart de ces textes : Quartiers divers se situe quand même dans une zone floue située entre les exercices d’ateliers d’écriture et les projets littéraires affirmés. Que Vents d’Ouest ait accepté de courir le risque en soutenant ainsi des jeunes auteurs, c’est tout à son honneur – d’autant qu’ils le méritent, et que la lecture de ces textes déborde souvent le simple intérêt pour aller jusqu’au véritable plaisir de lecture.

Élisabeth VONARBURG

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