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Prix Solaris 2023 : dévoilement du texte lauréat

COMMUNIQUÉ

PRIX SOLARIS 2023

Lévis, le 24 mai 2023 – Le prix SOLARIS 2023 a été attribué à Isabelle Piette, pour sa nouvelle « Ce qu’on laisse derrière ».

Montréalaise d’adoption, Isabelle Piette partage son temps entre son travail dans une boîte de développement de logiciels, ses deux ados, la course à pied, la lecture… et l’écriture ! Diplômée en génie électrique de l’École polytechnique, elle marie ses intérêts pour la science et la littérature avec la science-fiction dont elle est une grande fan. L’impact de la technologie au quotidien et l’influence de celle-ci sur les relations humaines sont les thèmes qui inspirent son écriture. Avec son immense curiosité, impossible de prédire où son imagination l’emportera… au grand plaisir des lecteurs et lectrices de Solaris.

Les membres du jury ont choisi « Ce qu’on laisse derrière » pour sa manière humaniste d’aborder un sujet d’actualité souvent traité par le biais de la dystopie. Ici, enjeux personnels et enjeux éthiques s’entremêlent au cœur d’un récit à la narration bien maîtrisée. L’auteure nous offre un personnage complexe aux prises avec une situation poignante.

La gagnante se mérite une bourse de 1000 $. Sa nouvelle sera publiée dans SOLARIS 227, à l’été 2023.

Le jury du prix SOLARIS 2023, appelé à délibérer selon un processus de sélection anonyme, était composé de :

Pascal Raud, écrivain, traducteur et directeur littéraire, membre du comité de rédaction de Solaris ;

Jonathan Reynolds, écrivain, éditeur et coordonnateur (technique) de Solaris ;

Philippe Turgeon, éditeur et directeur de la production aux éditions Alire.

Les nouvelles participantes appartenaient en majorité à la science-fiction. Environ un tiers des textes relevaient du fantastique, quelques-uns de la fantasy, tandis que quelques soumissions se situaient « sur les marges » des genres.

Toute l’équipe de Solaris remercie chaleureusement les participant·e·s et les membres du jury de leur collaboration et prie ses lectrices et lecteurs de bien noter que la date limite de participation pour la prochaine édition est le lundi 18 mars 2024.

Francine Pelletier, coordonnatrice (textes)

fpelletier@revue-solaris.com

Contact médias :

Jonathan Reynolds

(418) 837-2098

reynolds@revue-solaris.com

Gérard A. Jaeger, Approche bibliographique et critique des frères Rosny

Gérard A. Jæger

Approche bibliographique et critique des frères Rosny

Sherbrooke, Naaman, 1986, 60 p.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une nouveauté, je n’ai découvert cet ouvrage que tout récemment et sa pertinence au corpus SF et fantastique justifie qu’il en soit question même si tardivement.

Comme bien des lecteurs francophones, je ne connais des frères Rosny que l’Aîné, et uniquement par ses œuvres de SF ou de fantastique préhistorique ; La Guerre du feu, bien sûr, et surtout par le très gros recueil publié par les Éditions Marabout dans les années 70, puis par quelques rééditions aléatoires de certains textes célèbres selon des combinaisons variées (« Les Xipéhuz » et « La Force mystérieuse » par exemple). J’ignorais tout du côté « réalisme social » des deux frères, un courant qui forme d’ailleurs la plus grande partie de leur œuvre, en commun ou séparément. En parlant de la collaboration justement, on constate que l’écrasante prépondérance historique dans le genre SF de Rosny Aîné par rapport à son petit frère est tout à fait justifiée, puisque Jæger ne lui attribue qu’un seul roman dans la veine du « merveilleux scientifique », contre 25 pour son frère, sans compter de nombreuses nouvelles éparpillées dans plusieurs recueils.

Toutefois, quand on consulte Rayon SF, le répertoire de Delmas et Julien, on constate une petite divergence sur Rosny Jeune, puisqu’en plus de L’Énigme du « Redoutable » on attribue à Rosny Jeune 2 autres ouvrages de SF. Problème de définition sans doute. Mais il y a au moins un problème pour Rosny Aîné aussi ; en effet, Jæger nous signale la parution en 1960 de Les Astronautes, la suite posthume des Navigateurs de l’infini, mais on n’en trouve nulle trace sous ce titre dans Rayon SF. Il faut savoir qu’elle est parue avec le premier volet et sous le titre de celui-ci dans la collection « Rayon fantastique » ce qu’aucune des bibliographies ne précise.

Par ailleurs, Jæger ne se contente pas de compiler bêtement les ouvrages des Rosny, il précède sa bibliographie d’une chronologie des deux vies, c’est courant, et surtout d’un bref essai qui vise à mettre en évidence les parentés entre les divers courants de l’œuvre des Rosny et à démontrer que finalement, la différence entre « réalisme social » et « merveilleux scientifique » n’est pas si nette. Il souligne la permanence du scientisme dans la démarche des deux frères, penchant hérité de Zola, ce qui fait croire que la lecture de certains des romans non-SF serait peut-être éclairante pour une analyse plus poussée. Malheureusement pour les amateurs de littérature « générale », la plus grande partie de l’œuvre des Rosny est à peu près inaccessible et seule la fidélité des lecteurs de SF leur assure une relative survivance de nos jours. Pour des auteurs qui ont pondu au total 149 romans, plus des recueils de nouvelles et des essais, la postérité aura été sévère.

Les travaux de Jæger nous permettent de disposer d’un outil de référence fort utile pour identifier les textes des Rosny qui nous manquent encore ou pour retrouver les recueils qui permettront de compléter l’œuvre. J’aurai toutefois une réserve : beaucoup trop de renseignements bibliographiques sont relégués aux notes à la fin du livre, ce qui exige lecture attentive et recoupements multiples.

Pour commander ce livre, écrire aux Éditions Naaman, C.P. 697, Sherbrooke Qc, J1H 5K5.12 $ l’exemplaire.

Luc POMERLEAU

Solaris rencontre Sagana Squale

Les lectrices et lecteurs de la revue Solaris ont pu admirer les illustrations de Sagana Squale dans de nombreux numéros, dont celui d’hiver 2023 (Solaris 225) avec sa magnifique couverture. Pour en savoir plus sur cet artiste multidisciplinaire, nous l’avons rencontré. Nous vous invitons également à visiter son blogue : http://sagana-squale.blogspot.com/

Drew Hayden Taylor, Nous voulons voir votre chef! (SF)

Drew Hayden Taylor

Nous voulons voir votre chef !

Alire, Lévis (GF 109), 2022, 284 p.

Trad. de l’anglais par Sylvie Bérard et Suzanne Grenier

La science-fiction a longtemps été l’apanage de l’Occidental, dans ses déclinaisons européenne et nord-américaine (avec un petit tour par l’Australie), le vecteur et statistiquement le principal bénéficiaire de l’idée de progrès. Puis d’autres voix ont commencé à s’élever pour réclamer à leur tour le droit d’imaginer de meilleurs possibles pour leurs propriétaires – les femmes, puis les « invisibles » minorités LGBTQ. Aujourd’hui c’est au tour des voix africaines et asiatiques de se faire entendre, moins pour défendre et illustrer l’idée occidentale de progrès que pour construire d’autres perspectives sur l’avenir avec d’autres points de vue, un autre imaginaire, et, par ce détour, comme toute bonne science-fiction, pour questionner un présent nourri d’un tout autre passé que celui des explorateurs, exploiteurs et autres colonisateurs passés et présents. Il reste une ultime frontière, peut-être plus difficile à atteindre et à franchir parce que c’est celle des explorés, exploités et colonisés : les indigènes, aborigènes et autres autochtones dont les identités singulières ont été effacées par ces termes dans le même mouvement qui les dépossédait de leurs cultures, et parfois, pour de vastes pans de leurs populations, de leur existence même. Ce sujet ne semblera peut-être pas immédiatement pertinent pour un lectorat européen, sauf peut-être en Espagne et au Portugal qui ont sévi surtout en Amérique du Sud, le reste de l’Europe ayant réservé sa construction d’empire au continent africain et, avec moins de succès, asiatique (on s’y heurtait à des empires autrement plus anciens…). Mais il est extrêmement d’actualité aujourd’hui en Nord-Amérique – États-Unis et Canada et, pour les francophones, au Québec. Un intérêt marqué pour les cultures autochtones semble commencer à s’y faire jour, et il faut espérer qu’il ne s’agit pas d’une simple crise d’exotisme. De nombreux ouvrages ont été publiés depuis quelques années, essais et fictions, mais le domaine de la SF semble moins exploré (on peut néanmoins citer le collectif Wapke, « demain » en langue atikamekw, sous la direction de Michel Jean, chez Stanké). Le passé pèse très lourd dans l’imaginaire des opprimés et, comme le remarque Drew Hayden Taylor dans l’avant-propos à son recueil, la littérature autochtone semble trop se limiter « aux problèmes sociaux négatifs et aux récits de victimes » – tout comme les littératures féministes ou LGBTQ se sont longtemps concentrées sur deux registres, la colère et la souffrance. C’est très légitime, dit-il, mais pourquoi ne pas aussi élargir l’horizon ? D. H. Taylor (un Ojibway de l’Ontario, écrivain à plusieurs facettes – essayiste, dramaturge, romancier), propose donc autre chose : un « futurisme autochtone », pour imiter l’expression « afro-futurisme ».

Les neuf nouvelles présentées ici sont donc résolument de la science-fiction, une SF très classique dans ses thèmes, mais toujours avec le biais supplémentaire d’être filtrées à travers le point de vue de personnages autochtones bien ancrés dans leur réalité – réserves, territoires, situation sociale et politique, Histoire, références à la culture, etc. Par exemple, dans la nouvelle qui ouvre le recueil, l’humanité est plus ou moins détruite par des extraterrestres paranoïaques prévenus de son dangereux développement technoscientifique via les ondes de nos radios voyageant dans l’espace depuis plus d’un siècle – mais il s’agit ici d’une radio implantée avec obstination dans une réserve par ses occupants et de la transmission spécifique d’un ancien chant autochtone, perdu et retrouvé ; et le titre de la nouvelle, « Une apocalypse culturellement inappropriée », indique bien dans quel registre va se situer la lecture de tout le recueil : on rit, mais les dents ne sont jamais loin. Est-il nécessaire de préciser que pour des non-autochtones, le rire est celui du mordu et non du mordant ? Non sans de subtils retournements, du reste, car D. H. T. porte aussi un regard critique sur ses congénères – le recueil ne se veut résolument pas « politiquement correct ». Ainsi, dans la nouvelle éponyme qui clôt le recueil, « Nous voulons voir votre chef », ce sont trois autochtones grands buveurs de bière qui assistent à l’arrivée d’extraterrestres à tentacules dans leur réserve et sont ensuite portés volontaires comme représentants de la Terre par le chef du conseil de bande, politique prudent qui veut protéger ses arrières. Entre ces deux sujets classiques se déploient d’autres thèmes familiers : émergence de la conscience chez une IA d’abord ravie d’apprendre que dans d’autres cultures que l’occidentale tout a une âme, mais cruellement déçue ensuite par l’Histoire de l’humanité (« Je suis… Suis-je… ») ; un astronaute anishinabe apprend inopinément la mort de son grand-père mais peut le pleurer de la bonne manière, à des « millions de millions de kilomètres », parce qu’il a emporté le tambour fabriqué par celui-ci et peut en jouer (« Perdu dans l’espace »). Dans « Des rêves de catastrophe », les capteurs de rêve – ces objets traditionnels devenus le summum de la pacotille touristique… –, trafiqués par le Gouvernement, servent à rendre les autochtones mollement pacifiques, à leur insu. « Monsieur Machin-truc » explore de nouveau le motif de « tout est vivant », avec des jouets qui viennent (sévèrement) empêcher un ado de se suicider – le thème est sombre en soi, mais pour les autochtones, il l’est doublement : le suicide est endémique dans les réserves. « La Voie des Pétroglyphes » a pour toile de fond l’alcool, la drogue et la petite criminalité endémiques aussi chez les jeunes autochtones, mais le motif principal allie la culture ancienne (les pétroglyphes) et le voyage dans le temps, avec un twist final particulièrement noir. « Les étoiles » rassemble trois jeunes séparés par le temps et l’espace (le passé encore intact, une réserve d’aujourd’hui, une colonie spatiale) et qui contemplent chacun à sa façon l’immensité du ciel nocturne. « Superdéçu » met en scène un superhéros ojibway – et j’en dirai seulement qu’elle me semble résumer de manière particulièrement pointue toute la situation des autochtones.

En conclusion, un recueil à la lecture plaisante dans sa narration au ton familier mais très traditionnelle – au sens occidental du terme, littérairement, ce qui m’a fait buter sur certains choix de temps de verbes (des passés composés là où l’on attendrait des passés simples pour traduire le prétérit anglais, sauf dans les textes narrés au JE). Une lecture souvent amusante, touchante aussi… et avec toutes ces petites aspérités de différence qui retiennent et modifient le regard, surtout pour des non-autochtones (essentiellement vous et moi, n’est-ce pas ?). Et il faut saluer la préface des deux traductrices, Sylvie Bérard et Suzanne Grenier, qui trace un portrait nécessaire de la présente situation littéraire des fictions autochtones, tout en expliquant bien par ailleurs les problèmes qui peuvent se présenter lorsqu’on aborde la traduction de ces textes, en ce qui concerne l’exactitude et le respect, aussi bien au plan du vocabulaire que des données culturelles.

Élisabeth VONARBURG

Christian Léourier remporte le prix Joël-Champetier (7e édition)!

COMMUNIQUÉ

PRIX JOËL-CHAMPETIER – SEPTIÈME ÉDITION

Le prix Joël-Champetier a été attribué samedi le 29 octobre 2022 à Christian Léourier pour sa nouvelle « L’Auberge au bord du monde ».

Faut-il présenter Christian Léourier ? Après avoir débuté chez Robert Laffont, dans la collection Ailleurs et Demain (Les Montagnes du Soleil, La Planète inquiète), puis s’être fait connaître du jeune public avec L’Arbre-miroir et la série Jarvis (dont l’intégrale vient de reparaître chez Critic), il entame aux éditions J’ai Lu la publication du cycle de Lanmeur, dont la réédition sous forme d’intégrale vaut en 2014 aux éditions Ad Astra le Grand Prix de l’imaginaire, et qui compte à ce jour neuf romans et sept nouvelles. La Lyre et le Glaive, paru en 2019 (Diseur de mots) et 2020 (Danseuse de corde) chez Critic, sa première incursion dans le domaine de la fantasy lui vaut le prix Elbakin, tandis que son roman de science-fiction, Helstrid (2019, Le Bélial), remporte le prix Utopiales, le GPI et le prix Rosny aîné.

Les membres du jury ont choisi « L’Auberge au bord du monde » pour la maîtrise de l’écriture dont son auteur a fait preuve, pour l’ambiance de mystère et d’émotion retenue qu’il a su créer, ainsi que pour la fin qui permet aux lecteurs et lectrices une grande liberté d’interprétation.

Le gagnant se mérite une bourse de 1000 euros. Sa nouvelle sera publiée dans SOLARIS 225, à l’hiver 2023.

Le jury de la septième édition du prix JOËL-CHAMPETIER, appelé à délibérer selon un processus de sélection anonyme, était composé de :

Iseult Bacon-Marcaurelle, adjointe aux communications et à la promotion aux éditions Alire,

Pascal Raud, directeur littéraire de Solaris, écrivain et traducteur,

Philippe Turgeon, adjoint à l’édition et à la production aux éditions Alire, ainsi que

Élisabeth Vonarburg, écrivaine et traductrice.

À noter que la majorité des nouvelles proposées appartenaient à la science-fiction, presque un quart au fantastique, et une fraction à la fantasy, tandis que quelques soumissions se situaient « sur les marges ».

Toute l’équipe de Solaris remercie chaleureusement les participant·e·s ainsi que les membres du jury de leur collaboration et prie ses lectrices et lecteurs francophones non-canadien·ne·s de bien noter que la date limite de participation pour la prochaine édition est le 27 août 2023.

Francine Pelletier, coordonnatrice (textes)

fpelletier@revue-solaris.com

Contact médias :

Jonathan Reynolds

(418) 837-2098

reynolds@revue-solaris.com