Diane Bergeron, Terre-Nano : L’Île des larmes grises (SF)

Diane Bergeron

Terre-Nano : L’Île des larmes grises

Montréal, Québec Amérique (Magellan), 2021, 401 p.

Ce roman pour (jeunes) adultes témoigne de l’assimilation par la littérature québécoise de thèmes de la science-fiction moderne. Il s’ajoute aussi à la liste des ouvrages de science-fiction qui avaient pressenti la pandémie puisque son écriture était en cours avant le début de celle-ci.

Détentrice d’un doctorat en biologie moléculaire, Diane Bergeron avait déjà signé plusieurs livres faisant appel à ses connaissances scientifiques, dont ceux de la série Biocrimes. Cette fois, c’est la nanotechnologie médicale qu’elle place au cœur du récit. En 2067, le monde gère les conséquences d’un recours trop rapide aux nanomachines pour venir à bout des maladies. Injectés à l’intérieur du corps, les nanorobots thérapeutiques s’accumulent, déclenchent des réactions allergiques et provoquent une mort prématurée. En plus, les nanomachines déréglées se transmettent et il n’existe aucun remède. Les personnes infectées sont donc rassemblées dans des lieux à part. Au Canada, c’est l’île de Terre-Neuve qui devient la destination des condamnés sous le nom de Terre-Nano.

Mathianne est une jeune infectée dans la vingtaine, arrivée à Terre-Neuve en même temps que ses parents. Tandis que son père est un chercheur qui tente de trouver une solution médicale à la contamination nanotech, sa mère vient de mourir après avoir longtemps travaillé avec les Mi’gmaq de l’île, qui ont échappé à l’infection. Mathianne est tentée par une relation avec Zac, un jeune Mi’gmaq, mais celui-ci est déjà en couple et elle ne veut pas le contaminer.

Jordan est le fils du premier ministre canadien, un jeune homme de vingt-deux ans qui se comporte comme un adolescent turbulent. Son existence dorée à Ottawa prend abruptement fin lorsqu’on découvre que sa mère, son frère cadet et lui-même sont contaminés, ce qui leur vaut d’être exilés à Terre-Nano. Le contexte est difficile puisque le gouvernement canadien veut couper les fonds aux chercheurs, dont le père de Mathianne, et veut soumettre les infectés à une stérilisation forcée pour mettre fin à la transmission de l’infection à une nouvelle génération. Jordan et Mathianne vont se rencontrer alors que la résistance s’organise et que des secrets de famille se révèlent.

L’autrice réserve un dénouement tragique à l’histoire de Mathianne, mais la conclusion annonce un espoir nouveau pour les infectés. Les rebondissements du récit sont bien servis par l’écriture efficace et correcte. Le roman hésite entre le thriller politique et l’intrigue sentimentale, tout en accumulant les sous-intrigues. Cela fait beaucoup pour un seul livre, au détriment de l’exploration des personnages individuels, mais Bergeron arrive à attacher tous les fils avec une maturité qui ne se retrouve pas toujours dans la fiction populaire.

Jean-Louis TRUDEL

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