Jean-Pierre Charland, Après (SF)

Jean-Pierre Charland

Après

Montréal, Hurtubise, 2021, 329 p.

En 1973, un jeune Jean-Pierre Charland signait son premier livre, Les Insurgés de Véga 3, un roman pour jeunes clairement inspiré par Star Trek. Presque cinquante ans plus tard, Charland ajoute un autre titre à sa courte bibliographie de romans de science-fiction. Spécialiste des romans historiques, Charland signe cette fois un récit post-apocalyptique, Après, où une pandémie bien plus meurtrière que celle due à la Covid-19 extermine l’humanité, à quelques survivants près. Dans ce monde pratiquement inhabité, un homme et une femme que les circonstances ont réunis ébauchent une relation difficile.

Le personnage principal, Elliott Lewis, est un bibliothécaire qui s’avère fameusement doué pour l’organisation de sa survie, ce qui peut faire penser à une version adulte de la bibliothécaire improvisée des Chroniques post-apocalyptiques d’Annie Bacon. Transformé en ermite pour un été afin de digérer la fin de son couple, Lewis découvre un monde ravagé lorsqu’il quitte son campement dans les bois autour de Devil’s Lake, dans le Dakota du Nord. D’abord seul avec son chien, il sauve une infirmière, Kate Baker, d’une bande locale avant d’emménager dans le chalet d’un survivaliste qui n’a pas survécu. Toutefois, Kate se lasse de l’existence routinière qu’Elliott recrée avec une efficacité qu’elle voudrait voir appliquer à des objectifs plus ambitieux. Toutefois, lorsqu’elle quitte Elliott pour un groupe qu’elle croit voué à la reconstruction de la civilisation, elle sera amèrement déçue.

Quel éditeur québécois n’a pas désormais un titre de post-apo dans son catalogue ? De Bacon en jeunesse à Christian Guay-Poliquin au pinacle de la littérature générale, en passant par Le Potager de Marilyne Fortin et Hivernages de Maude Deschênes-Pradet, le thème n’a jamais été aussi populaire dans la littérature québécoise. Plusieurs de ces ouvrages s’attachent aux détails du quotidien dans un contexte exceptionnel. L’urgence de la survie rend aux questions pratiques une importance qu’elles perdent souvent dans nos sociétés ultra-confortables.

C’est le cas d’Après. Charland décrit avec minutie les démarches de Lewis pour assurer sa protection et approvisionner son refuge. Le prosaïsme du roman, qui abonde en précisions techniques, garantit la vraisemblance du récit malgré le contexte post-apocalyptique. Toutefois, le succès même de Lewis engendre un certain ennui. Même si Charland arrive à créer une certaine tension, il signe un roman absorbant mais rarement excitant. Les ultimes péripéties ouvrent toutefois la porte à une suite possible, et potentiellement plus palpitante.

Jean-Louis TRUDEL

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