Héloïse Côté, Les Exilés (Fy)

Héloïse Côté

Les Exilés

Lévis, Alire (Romans 116), 2008, 368 p.

Né en 1979, Héloïse Côté fait partie des plus jeunes auteurs publiés par Alire. Elle n’en est pourtant pas à ces premières armes en matière de fantasy : les lecteurs amateurs de ce genre lui doivent les Chroniques de l’Hudres (Alire) publiée entre 2004 et 2006, une trilogie accueillie favorablement par la critique, qui puisaient ses racines chez Guy Gavriel Kay et George R. R. Martin.

Les Exilés s’inscrit encore dans cette pure tradition de la fantasy. Le roman dépeint une société déchirée entre les Purs et les Exilés, dominée par les enfants-rois, véritables dictateurs ayant le pouvoir de vie ou de mort sur les habitants du royaume. On compte de plus en plus de pécheurs voués à l’exil dans le désert de l’Abomination de Danar, pour satisfaire l’ire du dieu de l’Orsdan, tous étant marqués au fer rouge d’un ignoble « E ».

Depuis un certain temps, de mystérieuses attaques sont perpétrées à l’endroit de l’enfant-roi Christen. Celui-ci donne comme mission à son jeune serviteur Jan d’aller quérir de l’aide pour assurer sa défense. Sur sa route, Jan rencontre Enrir de Dirdell, membre de la caste des seigneurs, qui revient à la maison suite à vingt ans d’absence pour se venger de Dan-Tepurem, inatteignable Mentor du royaume. Enrir aidera Jan et son maître Christen dans l’espoir de pouvoir s’approcher de son ennemi juré. Mais pendant ce temps rôde la rumeur que les Exilés se préparent à renverser le régime des enfants-rois…

Héloïse Côté offre avec ce roman un habile portrait de l’éternel jeu des pouvoirs qui anime toute société, dans lequel la puissance de l’Église sur le peuple rappelle une époque pas si lointaine de notre monde à nous (il n’est pas innocent que l’enfant-roi s’appelle Christen, avec tout ce que ce nom peut évoquer par rapport à la religion catholique). Les personnages qui peuplent l’intrigue sont intéressants, autant à cause de leur personnalité complexe que par la description des doutes qui les tiraillent. Le jeune Jan, par exemple, se questionnera constamment au sujet des Purs et des Exilés, suite à sa rencontre avec Enrir… y a-il vraiment des justes et des pécheurs dans ce monde ?

Soyez prévenus, il n’y a pas d’elfes, ni de nains ni d’élu qui sauvera le monde, muni d’un objet magique ! Il n’y a que des êtres humains prisonniers d’un terrible univers dictatorial. Le style d’écriture de Côté est mature et rythmé. L’histoire, au départ toute simple, emprunte de surprenantes avenues, obligeant le lecteur à tourner les pages comme s’il s’agissait d’un thriller. Car oui, à certains moments, j’étais sur le bout de ma chaise, retenant mon souffle.

Oyez, oyez ! Lectrices et lecteurs à la recherche d’un bon roman de fantasy, voici Les Exilés, d’Héloïse Côté, qui vous rassurera : il se publie encore de la fantasy de qualité sur le marché !

Jonathan REYNOLDS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *