André Lebugle, Les Visiteurs de minuit (Hy)

André Lebugle
Les Visiteurs de minuit
Montréal, Fides, 1991, 223 p.
Ce recueil réunit six nouvelles, dont les cinq premières relèvent du fantastique. Dans « Le Prisonnier du souterrain », un jeune campeur et une amie s’introduisent dans les ruines d’un château, en Bretagne, et y font la connaissance d’un alchimiste immortel, enfermé là depuis le dix-septième siècle.
Dans « La Visite de minuit », le fantôme d’une jeune épouse se présente dans un château pour réparer l’injustice dont elle a été victime un siècle plus tôt. Dans « Le Fantôme de la prison », c’est le spectre d’un prisonnier qui aide un troubadour à gagner sa liberté en chantant à l’intention des anges.
Dans « La Révolte des images », les personnages des photomontages qu’une adolescente réalise en guise de hobby se mettent à sortir de leurs cadres.
Dans « Les Disparitions de la rue M… », un artiste fait disparaître les choses et les gens qui l’importunent en effaçant leur image sur des photos.
Au bout d’une narration un peu longuette, le « Duel à l’aube » n’a finalement pas lieu : l’adversaire arrogant et redouté meurt accidentellement, deux heures avant le face-à-face.
Le moins qu’on puisse dire est que monsieur Lebugle ne craint pas le cliché : l’artiste est pâle et pauvre, l’arrogant personnage aperçu au début s’avère inévitablement un méchant, les jeunes femmes sont presque aussi immanquablement belles et les jeunes hommes sottement chevaleresques. À côté d’une majorité de récits d’un fantastique extrêmement classique, voire convenu (fantômes, alchimistes, châteaux européens en ruine ou décorés de vieilles armures, aristocratie française et duels), Lebugle offre quand même, parfois, une idée plus réussie, même saisissante, comme celle de cet artiste qui échappe à la police en effaçant sa propre image sur sa photo, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de lui qu’une main agitant un petit pinceau. Mais l’impression dominante, l’impression qui reste lorsqu’on ferme le livre, est celle d’avoir lu une œuvre ancienne – nonobstant le style, qui lui est généralement contemporain, quoique très conventionnel. J’avais formulé le même verdict au sujet du premier recueil d’André Lebugle, Les Portes secrètes du rêve, que j’avais commenté dans Solaris #91 (mai-juin 1990).
Toutefois, pour le jeune lecteur, cela ne constitue pas un défaut : s’il n’a pas lu les classiques du fantastique, il en aura un bon aperçu avec ce recueil, même si je doute qu’il frissonne à l’évocation du troubadour qui chante pour obtenir l’intervention des anges.

Alain LORTIE

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