Souvenirs de conventions mondiales

Pour vous préparer au congrès de science-fiction mondiale Anticipation (qui se tiendra à Montréal en 2009) Solaris vous offre quelques témoignages de ceux qui ont déjà assisté à l’événement…

 

Élisabeth Vonarburg

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Un témoignage d’Élisabeth Vonarburg, invitée d’honneur d’Anticipation.

Quelles sont les circonstances qui vous ont conduit à participer à votre première convention mondiale de science-fiction?

J’avais raté la première en Europe quand j’étais en Europe (et je le regrette encore); j’avais raté la première à Toronto alors que j’étais au Québec (idem). Quand elle a été à Boston en 1980 (Noreascon 2) et comme j’en avais alors les moyens, j’ai décidé que je n’avais aucune excuse…

Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de cette première expérience?

Isaac Asimov jaillissant comme un boulet du restaurant de l’hôtel pour aller dédicacer un livre à un fan en chaise roulante qui avait l’air de se demander ce qui lui tombait dessus.

Avez-vous assisté à d’autres conventions mondiales depuis?

Au moins quatre, dont une Seacon, à Brighton, en Angleterre, la worldcon de SF la plus déjantée à laquelle j’aie assisté – je n’ai pas été à beaucoup de worldcons, d’accord, mais je ne crois pas que celles aux états-Unis le soient jamais autant, si même elles peuvent l’être.

Que diriez-vous à un lecteur de Solaris pour l’inciter à assister à Anticipation à Montréal en août 2009?

Comme c’est organisé à Montréal, avec une forte participation francophone… ça risque d’être pas mal déjanté aussi! Mais surtout, c’est une occasion extraordinaire, qui ne se renouvellera sans doute pas, ou pas avant très, très longtemps. Si on s’intéresse activement à la SF sous tous ses aspects, que ce soit la littérature ou tous les autres médias, c’est une expérience qu’il faut faire au moins une fois dans sa vie, qu’on soit francophone ou anglophone: pendant cinq jours, on peut constater que non, on n’est pas seul ou seule au monde à adorer la SF, ce truc bizarre. On peut lier là des amitiés qui dureront toute une vie. Et rencontrer des auteurs et des artistes, qui sont des êtres humains comme vous et moi, très abordables et ravis d’être abordés.

 

Jean-Louis Trudel

 [Couverture] Un témoignage souvenir de Jean-Louis Trudel, écrivain, critique et responsable de la programmation francophone à Anticipation

Quelles sont les circonstances qui vous ont conduit à participer à votre première convention mondiale de science-fiction?

Cela se passait en 1989. J’étais en train de porter ma découverte de la science-fiction à un autre niveau. Je découvrais de nouveaux auteurs, en anglais comme en français. Je fréquentais des congrès depuis quelques années, après avoir commencé par Boréal en 1986. Après avoir moi-même organisé un festival de science-fiction en 1988 à l’Université d’Ottawa, je préparais ma part d’un festival de science-fiction de dix jours à Ottawa, qui combinerait le congrès Boréal 11, un autre festival à l’Université d’Ottawa et le congrès Pinekone II.

Et j’écrivais de plus en plus.

Cela dit, l’année 1989 a été si remplie d’événements pour moi que le congrès mondial Noreascon 3 s’estompe un peu.  Je ne me souviens plus comment j’ai fait le voyage d’Ottawa à Boston, sauf que je crois avoir voyagé avec Joël Champetier et Valérie Bédard de Montréal à Boston. Par contre, je me souviens du retour à Ottawa dans un autobus loué par un groupe de fans de la région.

Les circonstances précises? Franchement, je ne sais plus. Mais il était beaucoup question de Noreascon parmi les fans d’Ottawa, et sans doute au moins autant parmi certains fans québécois. Sans doute que je me suis laissé convaincre par les uns ou les autres d’être du voyage. J’ai donc puisé dans mes économies regarnies par un travail d’assistant de recherche à l’Université Carleton, je me suis arrangé pour partager une chambre et j’ai trouvé l’hôtel le moins cher… et peut-être le plus éloigné du centre des congrès!

Noreascon, c’était une excuse de voyager. Après tout, ce serait mon premier voyage à Boston. Je ne sais plus si j’avais des ambitions professionnelles très précises. Le concept du réseautage m’échappait encore, je soupçonne. Je venais pour apprendre. C’est-à-dire que j’espérais surtout collectionner quelques conseils utiles pour la suite des choses, de la bouche même des directeurs littéraires et des auteurs aguerris. Je crois me souvenir que je me promenais toujours avec de quoi écrire. En fouillant bien, qui sait, je pourrais retrouver quelques feuilles de notes prises durant telle ou telle table ronde.

Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de cette première expérience?

Il y a le souvenir qui n’en est pas un. J’ai raté l’occasion de rencontrer Isaac Asimov. J’ai entendu dire que les files étaient si longues quand il s’est mis à signer que je me suis dit que je trouverais sûrement une autre occasion de lui dire combien j’aimais ses oeuvres. Mais l’occasion ne s’est jamais représentée avant son décès.

Il y a le souvenir de l’immensité de la salle de ventes, dont les tables couvertes de livres avaient de quoi terrasser l’apprenti-écrivain et de le convaincre qu’il n’avait rien à ajouter à cette vaste production littéraire…

Il y a des souvenirs épars de tables rondes. Des légendes prenaient vie, et chair! Lucius Sheppard, David Brin, Greg Bear…

Est-ce à Boston que j’ai assisté à une conférence de Kim Stanley Robinson sur l’oubli injuste réservé à la science-fiction audacieuse et expérimentale des années soixante? Peut-être.

En fait, je me souviens presque plus nettement du livre que je lisais durant mon séjour à Boston: La Ville au fond de l’œil de Francis Berthelot. Un ouvrage remarquable. Et la plupart des photos que j’ai ramenées de Boston ont été prises à l’extérieur de Noreascon… sans doute faute d’un flash pour mon appareil.

Avez vous assisté à d’autres conventions mondiales depuis?

Oui. Il faut croire que, malgré l’absence de souvenirs marquants, j’avais aimé, car je me suis débrouillé pour assister l’année suivante au congrès mondial de La Haye, aux Pays-Bas. J’en garde des souvenirs beaucoup plus nombreux, en fait. Je rédigeais les premières pages de ce qui devait devenir mon premier roman édité, Pour des soleils froids. J’ai fait la connaissance des auteurs et fans français, à commencer par Pascal Thomas. J’ai assisté à une conférence ébouriffante de Robert Forward sur l’antimatière, qui a sans doute alimenté la suite du roman. J’ai entendu Brin parler français et découvert toute la variété des productions européennes. J’ai même assisté au concours de costumes, peut-être pour la seule fois de ma vie; en fait, il n’était pas fameux selon les connaisseurs et c’est sans doute pourquoi j’ai été découragé d’y revenir pour longtemps.

Après, il y eut Winnipeg en 1994, Baltimore en 1998 et Toronto en 2003. Je n’ai donc pas été un fan très assidu. à Winnipeg, j’étais partie prenante de l’organisation, plus ou moins, et j’avais donc des responsabilités en sus de mon horaire de panéliste ou de mes choix d’assister à telle ou telle table ronde. J’ai plus profité de Baltimore, en particulier du programme de films et de vidéos. Mais Toronto, c’était de nouveau un congrès où je portais plusieurs chapeaux, ou plutôt, plusieurs rubans accrochés à mon insigne de congressiste. Dans de tels cas, on est parfois aussi content que ce soit fini que d’y avoir été.

Que diriez-vous à un lecteur ou une lectrice de Solaris pour l’inciter à assister à Anticipation à Montréal en août 2009?

Un congrès mondial ne peut pas contenir toute la SF, mais aucun autre événement n’est aussi rassembleur. Des fans et des auteurs de toute la planète seront sur place et de nombreux intérêts différents seront représentés, pour tous les publics: amateurs de littérature, joueurs, artistes, nouveaux écrivains, passionnés des sciences et de la technologie, inventeurs de costumes, fans d’anime, manga et BD… Et c’est sans parler de tout l’aspect social dont la pointe émergée correspond aux partys tenus par des gens d’un peu partout, avec qui on peut partager des goûts communs même si l’un vient du Canada et l’autre de l’Allemagne, l’une de Montréal et l’autre d’Osaka… Si on aime parler de SF, on ne manquera jamais d’interlocuteurs. Bref, il faudra travailler très dur pour s’ennuyer ou ne rien découvrir d’inédit durant les cinq jours d’Anticipation.

 

Benoît Girard

 [Couverture] Si vous voulez tout, tout, tout savoir au sujet des conventions mondiales, voici le témoignage étoffé de Benoît Girard, fan et éditeur du (défunt) fanzine The Frozen Frog

Quelles sont les circonstances qui vous ont conduit à participer à votre première convention mondiale de science-fiction?

J’avais entendu les histoires d’aventures extraordinaires de la petite bande de copains qui avaient participé à des conventions antérieures et je me disais que j’aimerais bien vivre ça au moins une fois dans ma vie.

J’ai donc pris l’avion – pour la première fois d’ailleurs – un bon matin de septembre 1982 en compagnie de mon copain Serge pour Chicago où nous attendait Chicon IV, la convention mondiale de SF. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui m’attendait. On avait beau m’avoir décrit ça en long et en large, ça demeurait quand même passablement abstrait.

Serge, qui avait de l’expérience, s’était occupé de tout. Je ne faisais que le suivre. En deux temps, trois mouvements nous nous sommes retrouvés installés à l’hôtel principal de la convention, juste au-dessus du centre des congrès, en plein centre-ville de Chicago.

Sitôt les valises défaites, nous descendons aux étages de la convention pour récupérer nos badges et nos kits de participants. Ça venait dans un grand sac de toile. Il y avait le livre souvenir de la convention, plein de publicité pour les parutions récentes des principaux éditeurs, d’autres pubs pour des événements ou des publications amateures, quelques livres et revues échantillons et, bouée de sauvetage entre toutes, l’horaire des événements pour les cinq prochains jours.

Pendant que j’explorais tout ça, Serge consultait le tableau des messages personnels. Au bout d’un moment, il m’annonce qu’il a des amis à voir et il disparaît dans la foule. Je ne devais le voir que très épisodiquement par la suite. J’ai compris plus tard qu’il était allé rejoindre celle qui allait devenir son épouse, Susan Krinard, une américaine de la côte ouest, artiste et écrivaine (du fantastique romantique). Serge habite aujourd’hui Albuquerque au Nouveau-Mexique. Eh oui. C’est dangereux le fandom.: -)

Tout ça pour dire que, privé de mon guide, j’ai dû apprendre par moi-même à gérer la participation à une convention d’envergure.

Il faut savoir que, dans une convention réunissant quelque 5000 participants, il y en a pour tous les goûts. à tout moment, on peut choisir entre 12 ou 13 activités se déroulant simultanément.

Il y a une salle où on passe des films de SF ou de fantasy l’un derrière l’autre. Une autre où on passait (à l’époque) des vidéos sur cassettes pour les amateurs de vieux films. Il y a toujours une vaste exposition de peintures et d’illustrations de SF ou les professionnels les plus chevronnés côtoient les amateurs.

Il y a un marché grand comme un petit Wal-Mart où on vend tout ce qui concerne de près ou de loin la SF. Des livres d’éditeurs dont vous n’avez jamais entendu parler, des magazines, des bandes dessinées, des jeux de rôles et de stratégie, des costumes, des bijoux, des armes plus ou moins fausses, des figurines et autres jouets, des T-Shirts et des posters, des calendriers et même des trucs innommables (OK. Des Cthulhus en caoutchouc mousse étirables à l’infini, puisqu’il faut tout vous dire) et j’en passe.

Il y a aussi la Con Suite, une grande pièce avec des fauteuils confortables, de quoi grignoter à volonté où on peut se reposer, donner rendez-vous à quelqu’un, etc.

Dans le Hall principal, il y a toujours des expositions. Les costumes gagnants des mascarades antérieures (un concours de costumes SF ou Fantasy qui vaut le détour), des accessoires qui ont servis dans les films de Hollywood (à Chicago, il y avait une moto volante originale utilisée dans le tournage de Star Wars – Episode VI), des galeries de photos, une exposition spéciale consacrée à l’œuvre de l’artiste invité d’honneur de la convention et ainsi de suite.

Il y a quelque part la Fanzine Lounge. Elle ressemble un peu à la Con suite, mais sans bouffe et servant de quartier général à la gang qui s’intéresse aux fanzines, ces publications amateures qui faisaient la liaison entre les fans à l’échelle mondiale avant Internet et les blogs.

Mais le gros de la convention consiste en panels de discussion où on peut voir et entendre tout ce que le milieu compte de vedettes aborder des thèmes tous plus intéressants les uns que les autres. Laissez-moi consulter mes archives. Voyons… Tenez (je traduis): Donner sa chance à la Paix: la diplomatie dans une société interstellaire, avec C. J. Cherryh et Joe Haldeman; Illustrer des bibittes bizarres: comment dessiner les extra-terrestres avec Kelly Freas, Val Lakey et Stu Shiffman; Faire le Clone: Le génie génétique tel qu’il est, tel qu’il n’est pas et tel qu’il pourrait être avec Jack Bennett, Frank Catalano, Phyllis Eisenstein, Bernard Jilly et Sherry Katz.

Ces exemples sont tous tirés de la journée du samedi, 4 septembre 1982. J’aurais pu choisir parmi une couple de centaines. Souvent, les organisateurs font l’effort de classer les panels dans des groupes apparentés. Il y a un cheminement académique pour les amateurs de littérature et de critique littéraire appliquée à la SF; un cheminement science pour ceux qui aiment spéculer sur le potentiel réel de la science à nous apporter les créations imaginées par la SF; un cheminement fandom où on parle de l’histoire de la communauté fanique elle-même avec ses hauts faits et ses anecdotes hilarantes; un cheminement jeux de rôles, avec parfois de vraies parties ouvertes à tous; un cheminement pour écrivains, avec des ateliers d’écriture donnés par des professionnels aux noms les plus connus, et ainsi de suite.

La première fois que, sagement assis dans la salle, on voit Isaac Asimov et Frederick Pohl raconter comment ils sont devenus écrivains ou se remémorer les pires coups pendables qu’ils ont fait endurer à Robert Heinlein, on est un peu étourdi… Enfin… aujourd’hui c’est différent. On peut trouver l’adresse de courriel de n’importe quel écrivain et entrer en communication directement. Mais à l’époque, c’était un peu comme s’approcher des dieux de l’Olympe.

Le prestige en prend un coup quand, en fin de soirée, vous voyez votre écrivain préféré, un peu éméché par l’alcool, serrer d’un peu trop près et avec un peu trop d’insistance, une jeune Vampirella en costume authentique, dans un party. Parce qu’il y a des partys partout dans l’hôtel, tous les soirs, et tout le monde est bienvenue.

Le même écrivain vous ferait meilleure impression dans un Kaffeeklatsch, le lendemain avant-midi. Un Kaffeeklatsch est une rencontre d’un petit groupe de fans (8 ou 10) avec un écrivain ou un artiste. Les vedettes qui veulent tenir un Kaffeeklatsch donnent leur nom et on leur attribue un moment dans l’horaire. Ce nom et les coordonnées de l’événement sont rendus publics. Les fans viennent consulter la liste et réservent leur place en écrivant leur nom et leur numéro de badge. Premiers arrivés, premiers servis. à l’heure convenue, tout le monde se pointe au rendez-vous et on passe une heure à jaser avec quelqu’un pour qui on éprouve, présumément, une certaine admiration, tout en prenant un bon café. à la fin de l’heure attribuée, si votre vedette est du genre sympathique, elle va proposer d’aller continuer ailleurs, puisqu’il faut libérer la place pour le Kaffeeklatsch suivant. Au fil du temps, j’ai eu le plaisir de rencontrer ainsi Joe Haldeman, Jack McDevitt et George R.R. Martin.

Si vous n’êtes pas trop timide, il y a moyen de se passer carrément d’une occasion. Vous voyez votre idole dans un coin de couloir qui à l’air de flâner? Rien n’empêche de vous approcher et de lui dire «J’aime beaucoup ce que vous faîtes. Puis-je vous offrir un verre au bar de l’hôtel?» Ça marche assez souvent pour que ça vaille la peine d’essayer.

Ce contact étroit entre les fans et les professionnels est une caractéristique très particulière du fandom de SF. Les conventions ont d’abord été des initiatives de fans et non des projets de marketing. Dès les débuts, les vedettes ont pris l’habitude à se comporter en invités des fans et non l’inverse. Aujourd’hui, la tradition est fermement établie. Un artiste qui vient dans une convention et qui sort de sa chambre d’hôtel se rend implicitement disponible à ses fans. Si vous agissez de manière civilisée, il sera probablement heureux de vous parler.

Et tout ça n’est que le quotidien d’une convention mondiale de SF. à côté de ça, il y a les Extravaganza, les grands événements. Le premier est la Masquerade. C’est un concours de costumes. Dit comme ça, ça semble bien peu. Mais il faut savoir que les participants travaillent parfois pendant des mois à leurs costumes. Ils – et plus souvent elles – les entourent d’accessoires élaborés qui forment presque un décor de pièce de théâtre si bien que l’événement commence à ressembler à un spectacle de Broadway. La plupart des inscrits à la convention ne manqueraient pas ça pour tout l’or du monde.

L’autre extravaganza est la remise des Prix Hugo. Parce que, oui, les Prix Hugo sont décernés par les fans de SF. En tant que membre inscrit vous avez le droit de proposer des mises en candidature et de voter pour les finalistes de votre choix. Tous ces préparatifs se déroulent durant l’année précédant la convention. Le soir de la remise des prix, la convention prend des allures de Academy Awards. J’ai vu des lauréats pleurer en remerciant le public. J’ai aussi fêté avec plusieurs d’entre eux dans les partys après la cérémonie.: -)

Il resterait encore beaucoup à dire sur tout ce qui se passe dans une grande convention de SF. Je n’ai pas parlé des séances de signature et des lectures de leurs œuvres par les auteurs, par exemple. Mais je vous laisse le plaisir de découvrir tout ça par vous-même.

En 2009, la convention mondiale de SF vient, pour la première fois, à Montréal et elle porte le nom de Anticipation 2009. C’est une occasion à ne pas manquer si vous aimez vraiment la science-fiction. Au moment où j’écris ces mots, fin décembre 2008, il y a déjà plus de deux mille personnes qui se sont inscrites pour y participer. En fait, il est déjà grand temps de prendre des arrangements si on veut une chambre dans un hôtel situé pas trop loin de la convention.

Vous en reviendrez enrichis d’une conscience nouvelle de l’incroyable diversité de la SF qui ne cesse de proliférer devant nos yeux. L’imagination est la véritable dernière frontière.: -)

 

Norbert Spehner

 [Couverture] Un témoignage de Norbert Spehner, éditeur, critique, fondateur de Solaris et Grand Ancien de la SFQ.

Quelles sont les circonstances qui vous ont conduit à participer à votre première convention mondiale de science-fiction?

Ma première (et unique) convention mondiale, je l’ai vécue à Toronto. Torcon 2 (31e convention mondiale) s’est tenue dans cette ville canadienne du 30 août au dimanche 3 septembre 1973.

à l’époque, j’étais professeur de littérature au Cegep et je fréquentais quelques étudiants fans de SF parmi lesquels Robert Doyle et Pierre Lalonde avec lesquels j’ai décidé d’assister à la Convention. Nous y sommes allés avec ma bagnole… 6 heures de route longue et ennuyeuse, mais ça en valait la peine!

Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de cette première expérience?

Souvenirs mémorables et multiples… L’hôtel Royal York, au centre ville, grand luxe et tout et tout… La librairie Bakka au centre-ville: le royaume de la science-fiction! Dans les couloirs nos idoles de la SF: Isaac Asimov, Robert Silverberg, Fred Pohl, Clifford Simak, Fritz Leiber, John Brunner et des dizaines d’autres personnages «légendaires» du milieu. Les belles nanas aux seins nus au bal costumé et une Barbarella mignonne à croquer!  Des auteurs, pros de l’édition et des éditeurs de zines français dont Pierre Barbet, Jean-Luc Planchat, Jacques Sadoul, et surtout, perdus dans la mer anglophone, les voix québécoises d’Esther Rochon, de Guy Sirois, de Jean Dion, de Jean Asselin. premiers contacts entre des piliers du futur fandom québécois à qui j’ai fait part du projet de publier un fanzine. Réactions enthousiastes, échanges d’adresse, etc… La graine était semée… Un an plus tard, exactement, le premier numéro de Requiem.

Seul point noir du congrès: le banquet. Nous étions trois francophones à une tablée de neuf. Les Anglos nous ont royalement ignorés toute la soirée (pas un mot), en particulier un écrivain de SF/Fantasy de Montréal (débutant à l’époque) dont je tairai le nom mais qui pour moi est toujours resté un sale con!

Que diriez-vous à lecteur de Solaris pour l’inciter à assister à Anticipation à Montréal en août 2009?

Une convention mondiale, c’est comme visiter un musée dont les pièces sont vivantes. Vous allez y croiser vos écrivains favoris et, ce qui est mieux, vous allez pouvoir leur parler dans une ambiance festive. Pour les collectionneurs, c’est un haut lieu d’échanges et de trouvailles. C’est l’occasion unique de rencontrer d’autres amateurs qui partagent vos passions. Bref, c’est une expérience unique qu’il faut avoir vécue une fois pour se mériter le titre de «fan de SF/fantastique».

Et ce genre d’occasion ne se renouvelle guère. Alors profitez-en pendant que vous le pouvez…

 

Christian Sauvé

Quelles sont les circonstances qui vous ont conduit à participer à votre première convention mondiale de science-fiction?

Je connaissais un peu le milieu de la SF lorsque la Worldcon s’est arrêtée à Toronto en 2003 pour Torcon 3. Je fréquentais les congrès de la région Ottawa/Montréal depuis 1995, et j’étais au fait de l’existence des congrès mondiaux depuis mes débuts en fandom électronique au début des années 1990.  Si j’ai raté Conadian à Winnipeg en 1994, c’est parce que je devais effectuer le travail d’un membre de ma famille qui se rendait à Winnipeg à ce moment là – pour autre chose que la Worldcon, bien sûr… Sinon, à l’époque je ne voyageais pas beaucoup, et l’idée de prendre l’avion pour aller à un congrès aux états-Unis me semblait ridicule.

En 2003, cependant, un congrès mondial à distance d’automobile m’a semblé une trop belle opportunité. Le comité torontois avait passé les deux années précédentes à mousser l’événement aux congrès montréalais, et plusieurs de mes connaissances seraient présents de toute façon.  J’ai assemblé ma propre caravane (où se trouvait un certain éric Gauthier), et nous sommes partis!

Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de cette première expérience?

Torcon 3 est passée à l’histoire comme une des Worldcons les plus désorganisés de la dernière décennie.  évidemment, le néophyte que j’étais n’a rien perçu de ces problèmes, étant trop occupé à découvrir tous les aspects d’un véritable congrès d’envergure.  Les auteurs! Les discussions!  La salle de vente!  Les freebies!  Les costumes! Les Prix Hugos!

Ayant épluché la liste des auteurs inscrits, je m’étais présenté avec une pile de livres à faire autographier, et je me souviens assez bien de Robert Silverberg, à qui j’avais demandé de dédicacer une de mes premières lectures SF, une traduction française du roman jeunesse Time of the Great Freeze. à voir son air médusé, il n’avait manifestement pas souvent vu cette édition.  (En revanche, une discussion avec un autre auteur m’a fait comprendre que les critiques mises sur Internet sont inévitablement lus par l’auteur de l’œuvre discutée… et que ceux-ci ont la mémoire longue en ce qui concerne le nom de leurs critiques.)

Ce qui m’avait le plus impressionné au sujet des tables rondes du congrès mondial, c’est la profondeur des discussions.  Alors que les congrès régionaux doivent souvent dépendre d’amateurs bien intentionnés et d’auteur de second plan, les Worldcons peuvent se permettre de réunir la poignée d’experts en un domaine précis et les laisser discuter entre eux.

Finalement, il y a la remise des Prix Hugo. Pour quelqu’un comme moi qui considère les récipiendaires du Prix comme une liste de lectures essentielles, c’était une expérience marquante d’être sur place au moment de l’attribution des prix.  C’est comme se trouver, pendant une heure ou deux, à l’épicentre du monde de la science-fiction. C’était encore plus marquant d’y être avec des amis.

(En revanche, je préfère oublier mes prestations en tant que co-présentateur d’un prix Aurora, ou comme modérateur d’une table-ronde au sujet de la SF canadienne.  Ah, tant de choses apprises depuis ce temps…)

Avez vous assisté à d’autres conventions mondiales depuis?

Depuis Torcon 3, j’ai suivi la Worldcon un peu partout en Amérique du Nord, de Boston (2004) à Los Angeles (2006) à Denver (2008).  Pour un pantouflard comme moi, c’est un prétexte commode pour voyager. Non seulement la Worldcon a tendance à se déplacer à des endroits intéressants, mais elle offre également l’avantage d’une communauté qui se réunit année après année.  Au bout de quelques congrès, c’est comme retrouver des amis dans des villes inconnues.  La Worldcon entraînant l’accoutumance, je suis maintenant un voyageur nettement moins timide qu’avant et j’ai commencé à assister à d’autres congrès d’envergure tel Wiscon, l’ICFA et la World Fantasy Convention.

évidemment, mon implication dans les congrès mondiaux a changé depuis 2003. Puisque je fais partie du comité organisateur d’Anticipation, j’étais à Denver l’an dernier partiellement pour mousser l’événement montréalais.  C’est ainsi que je me suis retrouvé au très exclusif Hugo Nominee Party à vanter les mérites de notre métropole francophone à des auteurs que vous avez sans doute déjà lu… ce que je n’aurais osé imaginer comme étant possible en 2003!

Avec le temps et l’expérience des congrès, mes souvenirs ont tendance à privilégier les conversations interpersonnelles plutôt que les événements eux-mêmes.  Une maxime du fandom dit qu’il existe trois étapes de développement pour les fans: aller au congrès pour les invités d’honneur; aller au congrès pour la programmation; aller au congrès pour les amis.  En révisant mes notes et rapport de congrès pour Torcon 3 et Noreascon 4, je suis frappé par le fait que c’est à ces événements que j’ai vu ou rencontré pour la première fois des gens que j’allais revoir souvent au cours des années

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